lucileribeaudeau

Fiction sonore poétique
Podcast 2024-2025
Paula - Une langue enfouie est une fiction sonore en six épisodes.
Cette création poétique en français et vietnamien, au sujet d'un héritage transgénérationnelle, a été enregistrée en 2024, avec huit comédiennes et comédiens. Les six épisodes sont actuellement en montage pour une sortie courant 2025. Il s'agit du deuxième opus consacré à Paula.
Rama Grinberg La narratrice
Adèle Javot La voix
Laëtitia Pelé Paula
Margaux Lapersonne Kiara, petite-fille de Paula
Lucie Simoneau Thi Hai, mère de Paula
Baratunde Ba Muhoya Ali L’homme aux yeux noirs
Augustin Rose Un homme, un cavalier
Shai Grinberg Un autre homme, un cavalier
Lucile Ribeaudeau Écriture et réalisation
Nathan Goutet Réalisation
Grégoire Terrier Composition musicale
Trần Ngọc Ánh, Lucie Simoneau Traduction français-vietnamien
Jules Simoneau Direction d'actrice en vietnamien et aide traduction
Une voix flottante à la langue inconnue s’échappe des vertèbres d’une immense colonne vertébrale humaine échouée sur un rivage du Vietnam, à l’endroit où une faille ouvre la terre. Elle s’empare du premier corps qui l’approche, celui d’une journaliste, pour raconter l’histoire enfouie d’une jeune enfant métisse au Vietnam pendant la colonisation française.
Elle raconte le vécu spécifique, et pourtant répandu, de Paula : une enfant née d’une femme vietnamienne et d’un homme militaire français, qui a grandi en orphelinat avant de venir en France.
Quelles formes cette voix invente-t-elle pour se faire entendre et réveiller les chairs du passé ? Dans quelles surfaces vient-elle se loger ? C’est donc le portrait de Paula à travers plusieurs voix, et surtout à travers deux autres femmes : sa petite-fille Kiara et sa mère Thi Hai. Quels savoirs enfouis se révèlent en renouant les liens transgénérationnels ? C’est l’histoire d’un exil qui a commencé bien avant un départ, et a exigé d’y laisser une part de sa peau. C’est l’histoire d’une dépossession et d’une métamorphose.
Le traitement se rapproche d'un chant polyphonique, sans chant, et à échos multiples. Le temps passé et le temps présent déteignent l'un sur l'autre. Le passé s'immisce dans le présent, mais le présent revisite et continue d'écrire le passé. Paula - Une langue enfouie pourrait être la boite noire de cette colonne vertébrale. Mais elle continue de se modifier à mesure qu'on l'écoute.
Cet objet sonore contient les derniers indices d'un vécu impossible à documenter car il n'en reste, à la petite échelle humaine, que des sensations, des émotions et des gestes dans les générations d'après.
Ce pourrait donc être un documentaire comme l'affirmation de preuves qui n'en sont pas. "Feelings are facts" écrivait Yvonne Rainer.
Progressivement, parfois brutalement, les voix emplissent l’espace de leurs
vulnérabilités et de leurs puissances. Ces souffles se dégagent de l’infiniment trop grand et s’envolent vers nous. Des voix qui chuchotent ou qui crient, des respirations, envahissent l’espace sonore, et s’entrechoquent avec les vagues et le bourdonnement du soleil au zénith. Alors la poésie fait archive. Et petit à petit, le sensible, l’humain, à sa toute petite échelle, impose sa cadence.
" Je veux un homme qui me tue, et me ranime ! Et dans les alchimies, de la pourriture à la renaissance, dans les meurtres successifs fait par les autres et à soi-même, me rende une autre âme ! Petite mort qui ne soit pas qu’un effet… La mort c’est ne pas pouvoir revenir en arrière. Ça je sais faire… Ça je sais faire, j’ai traversé une mer ! Puis j’ai fait l’amour avec cet homme aux yeux habités par une âme brûlante et vacillante. Je l’ai possédé et désiré si fort qu’il a senti mes pensées l’accompagner dans les nuits les plus sombres. Je voulais un homme qui me tue et me ranime. Tu comprends ? Maintenant, mon corps ne me lâche plus. Et jusque dans les rages, quand j’explose, il s’accroche. Il n’a pas les yeux de ma mère. Toute son âme, bleue, limpide est liquide et bouillonnante. Mais ses yeux, ses yeux sont trop lumineux pour les miens, ils habitent un secret transparent qui me repousse loin de lui… Ils deviennent plus fous que fous... Je ferai du vide une structure, j’enfanterai de celui qui m’allège."